Lesecret professionnel sert-il encore à quelque chose ? Secret : “ce qui doit être tenu caché des autres” selon le Robert. Ce silence peut être aussi bien utilisé pour la dissimulation de turpitudes – ravage des délits d'initiés et autres destructions -
1En tant que dérivé du jeu, l’humour, tout comme l’art, intégrerait les principes opposés de plaisir et de réalité, les espaces intrapsychiques et interpsychiques, les instances du conscient et de l’inconscient... Une analyse qui s’alimente autant des textes psychanalytiques » que de l’abondante littérature critique concernant les courants et tendances de l’art contemporain. 2Humour et art sont deux phénomènes énigmatiques, en ce qu’ils opposent une résistance à toute analyse et qu’ils risquent de perdre leur attrait une fois mis à nu par une explication. Un tableau de Ben Vautier l’illustre une boîte noire avec l’écriture Boîte mystère à l’instant où elle sera ouverte elle perdra toute valeur esthétique. » 3Mais la pulsion épistémophilique défie cette mise en garde elle nous pousse à ouvrir la boîte noire en sachant qu’on n’y parviendra jamais complètement. 4Je me limiterai ici à considérer l’art, que notre époque appelle plastique », comme héritier des beaux arts. 5La question de l’humour dans l’art contemporain a pour moi un écho personnel. Si je m’interroge sur ce qui me pousse à me rendre aux expositions d’art contemporain, je réponds d’abord que j’y cherche une distraction. Je cherche à être amusée, surprise, pour ressortir avec un bénéfique chamboulement dans les idées capable de relancer ma curiosité pour les réalités du monde, de l’époque à venir, de la condition humaine. Bref, je cherche une remise en cause des idées reçues, qui s’accompagne de plaisir, même si parfois elle entraîne un certain effroi. En somme, tout le contraire de l’ennui de mon enfance lors des visites si répétitives aux musées et églises de l’Italie catholique. Dans ces lieux gardiens d’art ancien, éminemment sérieux, les objets, telles les reliques sacrées, m’apparaissaient poussiéreux, immuables, sévères, mélancoliques. Dans mes souvenirs, ces temples qui conservent l’art sont des contextes où l’humour et le rire sont proscrits. Que les salles de musée exposent aujourd’hui des œuvres si désacralisantes a pour moi le goût délicieux du blasphème leur fréquentation me procure le plaisir de la transgression. De plus, en tant que public, je m’offre le confort d’une transgression sans risque le statut officiel du musée d’art contemporain, leur appartenance au monde culturel, permettent au visiteur de se sentir quelque peu appartenir à ce monde. Donc cela me procure en prime une satisfaction de nature narcissique. 6En tant que sujet contemporain, je me sens parfois à la merci d’importants changements de notre époque en perpétuelle évolution, en perpétuelle crise de valeurs, sans certitudes auxquelles s’accrocher. Le spectacle de l’art contemporain m’offre alors une mise en perspective de ces angoisses, d’une autre nature que celle que l’on peut atteindre par une démarche purement rationnelle. Il ouvre des perspectives inédites par la mise en relation d’éléments a priori distincts qui aboutissent à un nouvel objet original. Il consent un sentiment de légèreté aussi inattendu sur des sujets graves ou inquiétants. 7Le résumé de ces bénéfices personnels issu de la contemplation de l’art contemporain correspond aux bénéfices de l’humour tels que S. Freud et quelques autres de ses successeurs les ont décrits. La remise en cause des pensées reçues voire le plaisir de la transgression proviennent de l’émergence soudaine de contenus pulsionnels dans un contexte secondarisé ; le ressenti de légèreté face à la gravité de la réalité extérieure correspond au rôle consolateur de l’instance parentale intériorisée qui montre au moi-enfant le côté risible de ses peurs. L’humour fonctionne comme une défense contre la honte, la dépression, le mécontentement, le dégoût, le désespoir dont l’excellence le rapproche de la sublimation, bien qu’il relève plutôt de l’économie narcissique le moi ne se laisse pas accabler par les calamités de la réalité extérieure. 8Humour et art sont intimement liés dans la théorie psychanalytique. Mais, pour saisir la place que l’humour a prise dans l’expression artistique contemporaine, il faut rappeler que, dans l’histoire de l’art, le comique a été exclu ou marginalisé. Pour les anciens, l’humour était thérapeutique de l’humeur par la voie de la catharsis Hippocrate pensait que dans le rire s’écoulaient les excès de bile, l’humeur noire néfaste à l’organisme entendu comme un ensemble psychosomatique ; ce qui rejoint Aristote dans la théorie de la fonction cathartique d’un spectacle artistique notamment le théâtre. Humour et humeur ont une même origine étymologique que la langue anglaise a conservée. 9Mais, depuis le Moyen Âge, la conception chrétienne du rire a prédominé il était du côté du mal, du satanique. L’art était une affaire sérieuse, puisque liée à la religion, puis aussi aux personnages haut placés dans la politique. Les rares exceptions d’œuvres burlesques étaient considérées à la marge de l’art, en tant que formes mineures la caricature. 10Ce n’est que lorsque l’art se donne une tâche critique des valeurs, de la religion, du pouvoir établi, des institutions y compris celles de l’art lui-même, que les conditions propices à l’utilisation de l’humour apparaissent. L’humour peut dire quelque chose de la réalité dans laquelle nous vivons et reprendre ainsi une position morale tout en restant ludique. 11La liberté de représentation, la recherche de l’abolition des censures, l’ouverture sur l’exploration de toutes les possibilités élèvent l’humour dans ses différentes formes au rang de catégories est présent dans quasiment tous les courants d’art contemporain, aussi divergents les uns des autres. Nous ne choisirons que quelques exemples parmi un nombre continuellement entre art et humour le jeu12Si l’utilisation de l’humour dans l’art ne se trouve légitimée que depuis l’époque moderne, ces deux termes relèvent pourtant du même domaine tout comme la création artistique, naît de la capacité de jouer. La particularité paradoxale du jeu est de faire coexister le principe de plaisir avec le principe de réalité. En tant que dérivés du jeu, l’humour et l’art héritent de lui l’aptitude unificatrice et conciliatrice des opposés. 14Jouer est une première forme de métaphorisation qui permet le passage de l’objet primaire à l’utilisation d’autres objets, cheminement de la symbolisation qui aboutit au langage comme éventuellement à l’expression artistique. Le jeu naît de la nécessité de dépasser une souffrance, et l’enfant acquiert la maîtrise de la situation douloureuse en apprenant par le jeu à se la représenter. Par la progressive mentalisation de l’objet, l’activité du jeu se parachève dans la représentation de choses, puis de mots. La manipulation des représentations de mots a l’avantage de permettre une énorme liberté, dont les rêves, les jeux de mots, sont des exemples. D’autre part, l’activité de jeu peut aussi aboutir au travail artistique, manipulation d’un matériau ou de sa motricité pour concrétiser des représentations les œuvres. 15Dans Les Mots d’esprit et leur rapport avec l’inconscient, S. Freud fait dériver le Witz esprit et mot d’esprit en allemand du jeu enfantin avec les mots qui reposent sur la répétition du semblable, l’assonance, la redécouverte du connu. Condamné par la conscience adulte parce que contraire à la raison, le jeu avec les mots ne peut subsister qu’à condition de trouver un sens, pour répondre aux nouvelles exigences de l’intellect. Pour ne pas renoncer à ce plaisir du non-sens, pour tromper l’instance critique, l’adolescent cherche à faire du sens dans le non-sens. 16S. Freud retrouve les mêmes procédés du travail du rêve déplacement, condensation, figuration, dans ce que l’on a appelé plus tard le travail de l’humour ». L’art plastique aussi peut employer les mêmes procédés comme le rêve, il utilise la plasticité visuelle, comme le Witz celle des mots. 17Art et humour peuvent s’analyser comme un jeu entre un contenu manifeste et un contenu espace interrelationnel18L’espace de jeu correspond à une aire transitionnelle située entre réalité psychique et réalité extérieure. Cet espace du comme si » est l’espace de l’illusion D. W. Winnicott, qui participe de l’espace culturel dont l’art est partie intégrante. 19L’humour et l’art partagent la même collocation psychique dans un entre-deux. Entre deux instances inconscient et conscient, fantasme et réalité. Mais aussi entre deux espaces l’espace intrapsychique et l’espace interpsychique. Car la capacité de jouer comporte des allers-retours entre des contenus subjectifs, inconscients, et une forme communément partageable, secondarisée. 20L’humour comme l’art permet de résoudre aussi l’ambivalence de pulsions, il peut exprimer l’agressivité et garder les liens objectaux ; il garde les investissements narcissiques et objectaux, car, bien que relevant d’un travail essentiellement intrapsychique, il a tout de même besoin d’un public pour être communiqué. 21Humour et œuvre d’art se forment à partir d’un désir inconscient qu’ils réalisent de façon imagée, comme le rêve, le fantasme et le symptôme. Mais, à la différence de ceux-ci, ils s’ouvrent aux autres qui, du coup, pourront partager les bénéfices narcissiques sans avoir dépensé l’énergie nécessaire au travail artistique et-ou au travail de l’humour. 22Le public ainsi transformé en complice des mêmes tendances pulsionnelles exprimées peut, de surcroît, se sentir appartenir au cercle des initiés. À son tour, l’approbation du public fonctionne comme miroir réassurant pour le narcissisme de l’ rire des mêmes choses implique une certaine consonance de fonctionnement psychique. Si elle est absente, le public peut avoir un sentiment d’exclusion, voire de persécution, d’être la victime dont on rit, si l’œuvre lui semble inaccessible. En témoignent ceux qui méprisent l’expression artistique contemporaine parce que, tout en percevant l’existence d’une dimension transgressive et-ou humoristique, elle leur quoi se moque l’art ?23Bien que les prémisses soient présentes dans plusieurs courants artistiques, l’on peut faire remonter au dadaïsme et au ready-made de M. Duchamp le début d’un positionnement humoristique de l’art sur lui-même. 24Un ready-made est un objet désigné comme œuvre par l’artiste et par son public. Ainsi, un urinoir renversé porte pour titre Fontaine. D’abord, l’ensemble surprend, le titre contraste et confère une perspective nouvelle à ce qui est perçu visuellement. Les associations d’idées se portent sur le renversement de situation où le flux de l’urine, eau sale, entre dans le réceptacle de l’urinoir, alors que, de façon opposée mais analogue, l’eau propre jaillit d’une fontaine à laquelle est associé communément le geste de s’abreuver. Fantasme phallique-urétral du petit garçon qui a donné forme à certaines sculptures ornant les fontaines baroques. Mais un renversement analogue dans un autre domaine s’opère ici un objet réputé vulgaire non seulement parce que reproductible, fabriqué en série, mais aussi en raison de sa fonction, est élu au rang d’objet d’art, entrant soudainement dans le royaume du sublime. 25L’effet de surprise a sa fonction dans l’humour pendant un instant, l’œuvre nous sidère, nous restons hésitants. Comprendre l’humour nécessite la suspension de la morale, de la critique intellectuelle. Nous partageons la même mise entre parenthèses de ces catégories avec l’auteur et la satisfaction qui en découle. En même temps, il nous épargne le chemin rationnel que nous aurions dû parcourir pour aller d’une idée à l’autre ou aux autres condensées dans un même mot ou une même se moque de lui-même26La démarche transgressive du ready-made touche à l’image de l’art ouvrant la voie à un ensemble infini d’explorations où la critique de la société est en même temps remise en cause de l’artiste, de son propre courant artistique, de l’art en général. 27Citons l’exemple très connu de P. Manzoni du courant de l’ arte povera », la boîte de conserve Merda d’artista, de 1961. Parodie de l’œuvre d’art idéalisée, avertissement que même une œuvre d’art est destinée à sa finale consomption. Ici, la désublimation de l’art va de pair avec la désillusion de la croyance en sa pérennité. Deux représentations opposées fusionnent l’œuvre et son auteur sont de la merde et ils ne se prennent pas pour de la merde ! L’excrément fétiche qui se vend sur le marché de l’art retrouve son statut inconscient de matière d’échange, d’équivalence symbolique à l’argent, voire à l’or, puisque c’était le cours journalier du métal fin qui a fixé le prix des canettes de trente grammes ! La sexualité anale infantile est mise en scène sans entraves. 28L’œuvre consiste en même temps en la boîte de conserve, avec une étiquette qui la nomme, et en l’idée de ce que cet objet représente. La boîte perd sa valeur une fois ouverte, tout comme la boîte mystère » de Ben. L’artiste B. Bazile qui le fait en 1989 y trouve une autre boîte. 29Cloaca de W. Delvoye en 2000 un engin qui reproduit le système digestif humain. Un ensemble de tuyaux transparents d’allure très hygiénique qui, correctement alimenté, produit six heures plus tard des étrons qui sont mis en vente sous cloche. Plusieurs chefs de la gastronomie française se prêtent au jeu et préparent des plats pour la machine. L’humanisation de la machine montre son revers la mécanisation de l’humain moderne. Instrument à transformer la nourriture en excrément, cette sculpture est une vanitas » de la société de consommation un mécanisme digestif géant, complexe, irréprochablement propre qui ingurgite des quantités de nourriture pour ne produire, in fine, que des déchets commercialisés. Condensation de deux images de l’homme contemporain la machine et l’animal dans sa forme la moins évoluée, telle un gastéropode ! Mais l’art aussi devient, à l’image de l’homme, un immense mécanisme qui produit des excréments à se moque des idoles humour cynique30L’art, aujourd’hui, s’est donné comme l’une des tâches la dénonciation des valeurs de la société, de ses institutions jusqu’à celles de l’art même. 31L’art se moque, démasque, détourne des valeurs qu’il a pourtant officiellement dépassées. Comme une dénégation, il nie l’adhésion à des codes pourtant représentés, montrant d’une part son attachement ambivalent à ceux-ci. De là , son besoin de légitimation du public, sa recherche de complices réconfortant sa position. L’humour sert alors cette connivence. Il s’agit d’humour tendancieux, car l’on aperçoit la percée des pulsions partielles dans ce que les œuvres donnent à voir. 32D’Arsen Salvadov, une photographie couleur Donbass-Chocolat, 1997. Derrière une porte ouverte qui sert de cadre, des mineurs semblent poser pour un ballet. Ils sont nus ou en tutus blancs, sales de suie charbonneuse, au regard sévère et dans des postures fatiguées par le labeur. C’est une citation des clichés qui hantent le peuple russe le ballet classique et la force ouvrière. Le premier féminin, léger, éthéré. La seconde masculine, puissante, musclée. Une image de l’art russe, désuète, candide, contrastant avec une réalité du travail dure et humiliante. La satisfaction sado-anale de salir, rabaisser un tel idéal artistique et de société, pour en démasquer l’hypocrisie. 33À notre époque qui se détache des préceptes catholiques, l’humour dans l’art charnel d’Orlan parodie sainte Thérèse du Bernin, les mots de l’Évangile. Il dénonce aussi la commercialisation de l’art, sous forme de prostitution. 34Beaucoup d’œuvres adoptent une forme humoristique pour dénigrer la société commerciale actuelle avec ses corollaires de gaspillage, mauvaise répartition des richesses et de soucis écologiques. 35Nus de Rémy Le Guilerm, 1994. Devant un mur qui porte la reproduction de La Chute de l’homme et l’expulsion du jardin d’Eden de Michelangelo Buonarroti, un couple aussi nu qu’Adam et Eve pousse un caddie regorgeant de pommes rouges. Ils ont l’air effrayés, comme s’ils avaient peur d’être surpris ou craignaient une catastrophe. La citation du tableau classique évoque le thème judéo-chrétien de la faute originelle. Mais le caddie plein à ras bord de pommes au premier plan contraste avec la pomme » unique, à valeur hautement symbolique, qu’Eve propose à Adam. En un seul regard, l’exagération nous apparaît grotesque, à la mesure de la commercialisation, de la convoitise des humains d’aujourd’hui. Mais, derrière le contexte actuel, nous sommes renvoyés au thème plus universel de l’avidité orale archaïque du bébé jamais rassasié qui guette en nous. L’envie du bon sein généreux de la mère-terre nous pousse à désirer le vider de tout son lait. D’où la crainte d’une rétorsion et l’angoisse d’être détruit ou rejeté par elle. 36Le land art opère dans sa démarche un renversement humoristique le paysage n’entre plus dans le tableau, il devient lui-même tableau », œuvre. 37Un exemple qui ne passe pas inaperçu est celui des empaquetages de monuments de Christo. Paradoxe visuel dans le paysage urbain le monument est caché-montré, effacé-souligné, illustrant la régression à la représentation de choses où le principe de contradiction est inopérant. 38Tandis que, d’habitude, le monument passait inaperçu, son emballage attire le regard, le rendant soudainement plus désirable, comme un cadeau qui invite à le découvrir, comme le corps de l’amant qui invite à le déshabiller. C’est aussi un rappel que même le monument, malgré sa charge d’art et d’histoire, n’est qu’une marchandise emballée, prête à être consommée. Du coup, l’humour touche aussi l’image de l’art et de l’artiste qui cache, emballe les monuments déjà faits, au lieu de les conceptuel pousse la question ouverte par le ready-made jusqu’à ses extrêmes conséquences l’art consiste en l’idée, véhiculée par le discours. Les œuvres finissent par ressembler, à s’y méprendre, à des mots d’esprit, quelques-uns devenus célèbres comme des proverbes. En France, les exemples les plus connus sont ceux de la série de tableaux » de Ben Vautier où la figuration du mot tableau » le représente comme un tableau noir d’école sur lequel apparaissent des parodies de maximes dans une écriture cursive blanche comme à la craie. L’humour joue ici sur le double sens du mot dont l’un est donné à voir par la figuration, comme dans un rêve. Mais l’humour, dans chacun de ses tableaux », réside dans une multiplicité de sens. Citons, par exemple, on est tous ego ». Ici, l’écriture est déviée de son orthographe attendue, laissant apparaître une autre pensée sous-jacente à on est tous égaux ». À la lecture, un seul mot recouvre deux idées différentes, mais qui se renvoient l’une l’autre c’est l’égocentrisme de chacun qui nous rend tous pareils. L’apparence est celle d’un lapsus calami involontaire d’un enfant qui ignorerait l’orthographe. Mais l’esprit naïf révèle une vérité. Ce mot d’esprit faussement inoffensif, selon la catégorie freudienne, déshabille, en réalité, comme le mot à tendance sexuelle et, comme le mot à tendance hostile, il attaque, dévoilant ainsi l’intérêt narcissique qui hante et contredit le principe égalitaire, fondement de notre société dite démocratique ».L’art se moque de la mort l’humour noir39Dans le type d’humour dit noir », le moi lutte contre l’angoisse de castration, dont l’extrême est bien l’angoisse de mort. Le macabre est rabaissé, ridiculisé au profit du narcissisme. 40Du courant Panique » de Pan, dieu de l’amour, de l’humour et de la confusion, Abel Ogier sculpte l’ Homme béquille » un homme cul de jatte, nu, se servant de béquilles qui sont en fait ses jambes. 41Comme une image de rêve, l’humour ici joue sur la condensation béquilles et jambes il est handicapé, mais il a ses jambes à la place des béquilles…. L’impression visuelle, d’abord effrayante, laisse vite la place à l’idée que le handicap est d’une autre nature, que la difficulté à maintenir la station débout et à marcher est celle de l’artiste en tant que homo erectus » d’assumer sa position existentielle qui lui permettrait un regard vers l’horizon et une avancée vers l’ noir s’exprime dans le body art, ce qui ne surprend pas puisque cette forme artistique qui fait du corps son œuvre et son médium porte de façon exacerbée la question de la finitude corporelle comme limite. Ainsi M. Journiac propose un Contrat pour un corps en 1972 une transformation post mortem de son squelette en œuvre d’art Vous pariez pour la peinture, votre squelette est laqué blanc. Vous pariez pour l’objet, votre squelette est revêtu de vos vêtements. Vous pariez pour le fait sociologique, l’étalon-or, votre squelette est laqué or. » Les deux conditions du contrat mourir et lui céder son corps Ardenne, 2001. L’artiste transforme votre dépouille en œuvre impérissable. C’est faire un pied de nez à la mort, se consoler avec l’idée d’une certaine forme de pérennité se moque de sa capacité de créer l’humour sceptique42À notre époque dite postmoderne », l’humour devient souvent sceptique. Certains courants en étaient les précurseurs, par exemple le pop art, mais même sous une forme prosaïque d’images publicitaires, d’objets de consommation les plus vulgaires et communs, l’art avait encore son mot à dire. 43Or, l’on voit aujourd’hui apparaître des formes d’art qui semblent crier le désespoir de l’ancien proverbe Nihil novi sub sole. 44L’attitude d’autodérision devient franchement autodépréciative avec Sherrie Levine, simulationniste des années quatre-vingt, qui reflète la perte de foi dans l’art comme moyen de changement de la société. Sa démarche radicale consiste à signer des reproductions de tableaux d’auteurs connus. Sa signature s’accompagne de celle du maître, par exemple S. Levine after Morandi », où after » peut se traduire par d’après » et-ou après ». C’est une forme d’humour désespéré qui exprime un sentiment d’impasse de l’art et du monde postmoderne, un sursaut du moi qui cherche malgré son accablement à représenter l’affect mélancolique qui ne laisse pas de place à l’espoir, au futur. Il n’y aurait plus de création possible, que de la recréation. La référence aux maîtres ne laisse plus d’espace au sujet l’idéal du moi écrase le narcissisme. 45L’humour tire généralement profit d’une souffrance, comme le masochisme à cette différence près qu’il la déjoue sans l’ignorer, il ne l’érotise pas. Mais l’humour sceptique dans l’art postmoderne laisse trop passer l’impuissance, le désespoir, il arrive mal à les contredire. La sidération de l’effet de surprise risque de se figer au lieu de se détendre en un sourire de et art s’expriment dans l’espace de l’illusion, espace de liberté nécessaire à l’équilibre psychique de l’individu comme à celui de la société. En cela, ils aident à soulager la tension entre les deux pôles de l’existence la réalité interne et la réalité externe. 47L’humour offre une solution contre des affects qui pourraient menacer l’intégrité du moi. Il s’agit donc d’un enjeu narcissique. Il n’est pas surprenant que l’humour apparaisse dans l’art à notre époque si hantée par les menaces narcissiques dont elle cherche, par tous les moyens, à se défendre. 48L’humour dans l’art contemporain défie l’angoisse d’anéantissement, les valeurs de la société et ses propres idéaux, jusqu’à s’attaquer – ce qui est plus récent – aux fondements mêmes de son existence. 49Mais l’humour possède la capacité de se reprendre pour sortir de l’impasse tout peut être relativisé, récupéré et mis en perspective symbolique. Comme ce tableau de Ben qui nous servira de conclusion Cela ne sert à rien de vous stresser, respirez, souriez, laissez-vous aller, tout est art. »
Ouau contraire l'art peut-il nous apprendre quelque chose ? S'interroger sur la possible capacité de l'art à délivrer un apprentissage à l'homme revient à se demander si l'art possède une finalité. Cela remettrait donc en cause l'idée qu'une œuvre d'art est un artefact simplement conçu pour être contemplé.
L'analyse du professeur Ce sujet invite à poser le problème des finalités de l’art. La question de l’utilité de l’art est en effet récurrente, dans la mesure où nous supposons implicitement que toute activité n’est pas à elle-même sa propre fin mais sert à autre chose de la même façon que la médecine sert à soigner, soigner sert à être en bonne santé, être en bonne santé sert à bien vivre, bien vivre à être heureux etc.. Or, l’oeuvre d’art, dans la mesure où elle est destinée à être vue, à se montrer, semble se définir par une forme de gratuité esthétique l’affranchissant de toute utilité directe dans son rapport aux autres activités humaines, tout au moins dans un rapport utilitariste qui fait de toute chose un moyen en vue de la production d’une autre chose. Dès lors, si l’oeuvre d’art ne produit rien d’autre que le fait de montrer quelque chose qui ne peut avoir d’utilité instrumentale pour celui qui la contemple, il semble pourtant, par ailleurs, que le fait de contempler une oeuvre d’art procure des sensations, des idées, des impressions qui, si elles ne sont pas quantifiables très directement en termes d’utilité matérielle, sont pourtant importantes aux yeux des hommes. Tout le problème sera donc de montrer que le critère de l’utilité est, rapporté à l’art, ambigu et oblige à redéfinir l’utilité selon un critère non utilitariste. ...
LART SERT-IL VRAIMENT À QUELQUE CHOSE ?Dans cette émission, on va voir ensemble que l'art nous cache parfois sa vraie nature.D'où cette question qu'on se po
Chroniques d’expertsCarrière Le 17/04/2019 © GETTY IMAGES Temps de lecture 6 minutes La plupart des diplĂ´mes de l'enseignement supĂ©rieur ne prĂ©parent pas suffisamment bien les Ă©tudiants au marchĂ© du travail. Les employeurs et les dirigeants d’entreprise se plaignent souvent du fossĂ© qui existe entre ce que les Ă©tudiants apprennent Ă l’universitĂ© et ce qu’ils sont censĂ©s savoir pour ĂŞtre prĂŞts Ă commencer Ă travailler. Un constat particulièrement alarmant quand on considère le nombre important et sans cesse croissant de diplĂ´mĂ©s du supĂ©rieur plus de 40% des 25-34 ans dans les pays de l’OCDE et près de 50% de la mĂŞme classe d’âge aux Etats-Unis. Bien que l’obtention d’un diplĂ´me d’études supĂ©rieures soit clairement bĂ©nĂ©fique – des rapports rĂ©cents publiĂ©s par The Economist indiquent que le retour sur investissement associĂ© n’a jamais Ă©tĂ© aussi Ă©levĂ© pour les jeunes – sa valeur ajoutĂ©e diminue Ă mesure que le nombre de titulaires augmente. Ce qui explique pourquoi un tel diplĂ´me permettra d’accroĂ®tre ses revenus de plus de 20% en Afrique subsaharienne oĂą les diplĂ´mĂ©s du supĂ©rieur sont relativement rares, mais de 9% seulement en Scandinavie oĂą 40% des adultes sont diplĂ´mĂ©s du supĂ©rieur.Dans le mĂŞme temps, alors que les Ă©tudes supĂ©rieures se banalisent, les recruteurs et les employeurs en font de plus en plus souvent une condition nĂ©cessaire d’embauche, qu’elles soient utiles ou non pour le poste Ă pourvoir. Sans nier que ces diplĂ´mes donnent accès Ă des emplois mieux rĂ©munĂ©rĂ©s, les entreprises se font cependant du tort – de mĂŞme qu’aux jeunes – en ne considĂ©rant que des candidats issus de ces formations. Alors que nous vivons une Ă©poque de disruption omniprĂ©sente oĂą le marchĂ© du travail Ă©volue de façon imprĂ©visible, les connaissances historiquement associĂ©es Ă ces diplĂ´mes apparaissent de moins en moins faible corrĂ©lation entre diplĂ´mes et performance au travailPlusieurs arguments factuels remettent en question la valeur intrinsèque – par opposition Ă celle perçue – d’un diplĂ´me du supĂ©rieur. Tout d’abord, des mĂ©ta-analyses d’études ont montrĂ© depuis longtemps que la corrĂ©lation entre le niveau d’éducation et la performance au travail est faible. En rĂ©alitĂ©, les Ă©tudes indiquent que les scores obtenus Ă des tests d’intelligence sont un bien meilleur indicateur du potentiel de rĂ©ussite dans un poste donnĂ©, notamment dans ceux qui font constamment appel Ă la rĂ©flexion et Ă l’apprentissage. Les rĂ©sultats scolaires permettent de savoir si un candidat a beaucoup Ă©tudiĂ© ou pas, alors que la performance Ă un test d’intelligence montre la capacitĂ© d’un individu Ă apprendre, Ă raisonner et Ă penser de façon ailleurs, la surreprĂ©sentation des classes sociales favorisĂ©es dans les Ă©tudes supĂ©rieures contribue Ă rĂ©duire la mobilitĂ© sociale et Ă augmenter les inĂ©galitĂ©s. Beaucoup d’établissements du supĂ©rieur choisissent leurs Ă©tudiants en fonction de leur mĂ©rite, mais un tel mode de sĂ©lection va de pair avec des variables qui amoindrissent la diversitĂ© des candidats reçus. Dans beaucoup de sociĂ©tĂ©s, il y a un fort degrĂ© d’endogamie basĂ© sur le niveau de revenu et la classe sociale. Ainsi, aux États-Unis, les individus aisĂ©s sont plus susceptibles d’épouser des personnes issues du mĂŞme milieu social qu’eux et les familles nanties peuvent se permettre de payer des Ă©coles et des cours de soutien privĂ©s, des activitĂ©s parascolaires et d’autres privilèges encore qui accroissent la probabilitĂ© que leur progĂ©niture accède Ă une universitĂ© d’élite. Ce qui, Ă son tour, a des consĂ©quences sur toute la trajectoire future de l’enfant, y compris les carrières auxquelles il pourra prĂ©tendre. Certains bĂ©nĂ©ficient donc clairement d’avantages dont d’autres sont Ă©valuations psychologiques qui prĂ©disent mieux la performance professionnelleQuand les employeurs valorisent les diplĂ´mes, c’est souvent parce qu’ils les considèrent comme des indicateurs fiables des capacitĂ©s intellectuelles des candidats. Mais si c’est rĂ©ellement leur objectif, pourquoi ne recourent-ils pas plutĂ´t Ă des Ă©valuations psychologiques qui prĂ©disent bien mieux la performance professionnelle future du candidat sans se confondre avec son statut socio-Ă©conomique et d’autres variables dĂ©mographiques ?Cela dit, les Ă©tablissements du supĂ©rieur pourraient accroĂ®tre de manière substantielle la valeur de leurs diplĂ´mes du premier cycle en dĂ©diant davantage d’heures Ă l’enseignement des soft skills. Il y a peu de chances que les recruteurs et les employeurs soient impressionnĂ©s par des candidats incapables de faire montre d’un certain degrĂ© de compĂ©tences interpersonnelles. C’est lĂ oĂą se situe sans doute l’une des plus grosses diffĂ©rences entre ce que recherchent respectivement une universitĂ© et un employeur chez un candidat. Tandis que les employeurs attendent des candidats une intelligence Ă©motionnelle Ă©levĂ©e, de la rĂ©silience, de l’empathie et de l’intĂ©gritĂ©, rares sont les universitĂ©s qui mettent en avant ces attributs comme critères de sĂ©lection ou qui cherchent Ă les dĂ©velopper. Alors que l’intelligence artificielle et les technologies disruptives ont de plus en plus d’impact sur la sociĂ©tĂ©, les candidats capables d’effectuer des tâches hors de portĂ©e des machines prennent de la valeur, ce qui souligne l’importance croissante des soft skills qui restent dans une large mesure l’apanage des compĂ©tences techniques moins valorisĂ©es par les employeursDans une Ă©tude rĂ©cente menĂ©e par le ManpowerGroup auprès de 2000 salariĂ©s, plus de 50% des organisations plaçaient la rĂ©solution de problème, la collaboration, le service client et la communication au rang des compĂ©tences les plus recherchĂ©es. De mĂŞme, dans un rapport Ă©galement rĂ©cent, Josh Bersin notait que, de nos jours, les employeurs sont tout aussi susceptibles de sĂ©lectionner des candidats en fonction de leur capacitĂ© d’adaptation et d’adhĂ©sion Ă la culture d’entreprise et de leur potentiel de croissance que pour leurs compĂ©tences techniques par exemple, le langage de programmation Python, l’approche analytique ou le cloud computing. Les entreprises telles que Google, Amazon et Microsoft ont elles-mĂŞmes soulignĂ© l’importance de la curiositĂ© et de l’appĂ©tence pour la connaissance et l’apprentissage comme indicateurs clĂ©s du potentiel de carrière. Ceci rĂ©sulte sans doute de l’attention de plus en plus forte portĂ©e Ă la formation des employĂ©s ; un rapport montre ainsi qu’en 2017, les entreprises amĂ©ricaines ont dĂ©pensĂ© plus de 90 milliards de dollars sur ce poste. Le retour sur investissement sera d’autant plus Ă©levĂ© que les personnes embauchĂ©es seront curieuses par Ă©tablissements du supĂ©rieur ont cependant la possibilitĂ© de retrouver leur pertinence en aidant les managers Ă combler leurs lacunes quand ils sont promus Ă des postes de direction. En effet, de nos jours, ce sont souvent les meilleurs salariĂ©s qui deviennent managers alors qu’ils n’ont suivi aucune formation Ă ce sujet et qu’ils n’ont pas encore les compĂ©tences nĂ©cessaires pour diriger une Ă©quipe. Cependant, si davantage d’établissements Ă©ducatifs investissaient dans l’enseignement de ces compĂ©tences, les entreprises disposeraient d’un pool plus important de candidats aptes Ă diriger des rĂ©sumĂ©, nous pensons que le marchĂ© appelle clairement un changement de paradigme. De plus en plus d’individus investissent dans les Ă©tudes supĂ©rieures alors que leur but principal est avant tout pragmatique se rendre plus attractif en tant que candidat Ă un emploi et contribuer Ă l’économie. MĂŞme si les diplĂ´mes du supĂ©rieur continuent de bĂ©nĂ©ficier Ă leurs dĂ©tenteurs, les entreprises peuvent aider Ă faire Ă©voluer la situation en leur donnant moins de poids comme indicateur de compĂ©tence intellectuelle et d’employabilitĂ© et en adoptant des critères d’embauche plus diversifiĂ©s. Je suis dĂ©jĂ abonnĂ©, je me connecte Abonnement intĂ©gral 14,50 € / mois Offre sans ĂŞtes libre de rĂ©silier Ă tout moment 6 Magazines, versions papier et numĂ©rique par an 4 Hors-sĂ©ries, versions papier et numĂ©rique par an Accès illimitĂ© au site Havard Business Review France Tomas Chamorro-Premuzic Chief Talent Scientist chez ManpowerGroup, professeur de psychologie du travail et des organisations Ă l’University College de Londres et Ă l’universitĂ© de Columbia et membre associĂ© de l’Entrepreneurial Finance Lab d’Harvard. Il est l’auteur de Why Do So Many Incompetent Men Become Leaders ? And How to Fix It » Harvard […] Voir toutes les chroniques Becky Frankiewicz PrĂ©sidente de ManPowerGroup North America et experte en marchĂ© du travail. Avant cela, elle a dirigĂ© Quaker Foods North America, l’une des plus grosses filiales de PepsiCo, et a fait partie de la liste des dix individus les plus crĂ©atifs de ce secteur industriel dressĂ©e par Fast Company. Vous pouvez […] Voir toutes les chroniques Sur le mĂŞme sujet
Lorchestre est un contexte particulièrement intéressant pour étudier ces actions coordonnées, il s’agit là d’une remarquable situation d’interaction sociale extrêmement spécialisée dans laquelle le chef d’orchestre est sensé par son comportement moteur conduire et animer les instrumentistes vers un but esthétique commun.
Corrigé A quoi sert l'art ? »Texte 1 Bergson1 L'artiste nous permet d'accéder aux choses du monde et de la nature dans ce qu'elles ont de plus singulier, dans leur profondeur. En effet, l'artiste n'est pas obnubilé par l'utilité de ce qu'il perçoit et de ce qu'il nous fait percevoir il ne cherche qu'à nous faire voir le monde tel qu'il est, indépendamment de son utilité pratique. Libéré de ce voile de l'utilité qui obscurcit dans la perception ordinaire tous les détails inutiles à notre action, l'artiste nous permet donc de rentrer en communion avec les choses, d'avoir la sensation de leur originalité. L'artiste nous montre la différence entre deux objets singuliers que le langage nous fait par exemple réunir sous un seul et même Ce voile qui existe entre nous et la nature est le voile de l'utilité. En effet, notre perception des choses est toujours déterminée par une finalité pratique nous ne percevons de celles-ci que ce qui nous est utile et nous effaçons ce qui nous parait inutile. Par exemple, il m'est inutile de percevoir la différence entre deux chaises, je cherche seulement de quoi m'asseoir. Je vais donc effacer les détails qui distinguent les différentes chaises. De ce fait, je ne rentre pas en contact avec la singularité de chaque chaise mais n'en voit qu'une simplification pratique ».Texte 2 Kant1 L'art libéral est agréable en soi et non pas en raison de ses effets. C'est l'activité même de créer qui est agréable pour l'artiste, indépendamment de ce qu'il crée et cette activité est libre car non contrainte par l'objet qu'elle a à créer. L'art mercantile à l'inverse est en lui-même une tâche désagréable, ce qui le rend attirant ce n'est pas son activité, sa création mais seulement son effet l'objet créé et l'éventuel profit qui en est Kant veut dire par là que le jugement esthétique est désintéressé on ne cherche pas à s'approprier cet objet parce qu'il est beau, ce qui nous procure du plaisir esthétique est simplement la contemplation désintéressée de cet objet. La seule représentation de l'objet a ainsi de l'importance et peu importe si l'objet en question existe réellement ou non. La contemplation esthétique est ainsi indifférente à l'existence de l' 3 Freud1 Les œuvres d'art sont, selon Freud, le moyen pour l'artiste de réaliser des désirs inconscients, qu'il a refoulé parce qu'ils étaient inacceptables d'un point de vue moral ou au regard de la société. La réalité extérieure vient en effet empêcher la réalisation de certains désirs il ne reste donc plus qu'à les satisfaire de manière imaginaire. Cette réalisation de désirs inconscients s'effectue alors de manière déguisée les œuvres d'art sont ainsi le moyen pour l'artiste de sublimer ses désirs en leur trouvant un ersatz, un substitut plus acceptable. La sublimation consiste à transformer et à orienter certains désirs vers des buts de valeur sociale ou affective plus Le rêve et l'œuvre d'art sont ainsi des moyens de satisfaire de manière imaginaire certains désirs que l'on a refoulé pour éviter un conflit intérieur entre nos désirs et nos exigences morales. Mais à la différence du rêve qui est par essence narcissique, tourné seulement vers soi, les œuvres d'art ne sont pas cachées au regard d'autrui, elles n'enferment donc pas l'artiste dans son individualité. L'artiste offre donc au regard d'autrui l'objet de satisfaction déguisée de ses désirs et peut même par là offrir du plaisir à ceux qui l'observent. L'artiste, par ses œuvres entre ainsi en communication avec les autres hommes et avec leurs désirs il crée par ses œuvres un monde commun, un lien entre les p. 204 Hegel1 L'imitation de la nature ne peut être satisfaisante dans la mesure où c'est une imitation d'un modèle qui existe déjà . Pour Hegel, la création artistique consiste à produire, à extérioriser à donner une existence effective à qqch de notre esprit, à réaliser qqch de soi. L'art est une production de l'esprit et non une imitation de la nature caricature. C’est la création qui inspire la fierté alors que la copie, étant toujours inférieure à son modèle, inspire plus de dégoût que d’ p. 204 Proust2 La création artistique a un sens fort au sens où elle renouvelle sans cesse le monde. Elle change notre vision du monde, elle nous le donne même à voir, tel un oculiste. Mais en changeant notre façon de voir le monde, l’artiste change ainsi le sens que nous donnons aux choses et donc change le monde lui-même une voiture devient un Renoir », autrement dit une œuvre d’art donc un autre objet ayant une autre p. 2051 La formule d'Oscar Wilde selon laquelle la nature imite l’art semble paradoxale au sens où elle va contre la doxa, contre l’opinion commune. En effet, l’art est souvent vu comme une reproduction des objets de la nature l’artiste essaierait de reproduire la beauté qu’il trouve dans la nature les ailes des papillons par exemple. Wilde inverse ici le rapport entre l’art et la nature. En effet, la nature est aujourd’hui à ce point transformée par la main de l’homme qu’elle semble imiter les œuvres d’art. La mise en forme de la nature selon une certaine configuration semble ainsi se faire selon le même procédé que la création artistique. La photographie ici présentée nous donne à voir une culture d’algues, organisée par l’homme. C’est donc sans doute l’homme qui tente de transformer la nature pour la faire imiter l’art, c’est-à -dire sa propre production. La nature devient un matériel dire que la nature imite l’art c’est aussi suggérer que la nature devient une pâle copie du modèle qu’est l’art, c’est donc inverser la hiérarchie initiale entre les deux pour rehausser la création artistique au détriment d’une nature dont la beauté laisse parfois à La photographie a-t-elle une fonction purement représentative au sens de présenter une nouvelle fois une réalité qui existe déjà ? Elle peut nous faire voir les choses autrement par une certaine mise en scène par exemple. Elle aurait ainsi une autre fonction celle d'exprimer un sens, d'entamer une réflexion sur le réel. De plus, si la photographie est censée représenter la réalité, elle est condamnée à la figer alors que la réalité est en perpétuel changement, en mouvement. Dès lors, elle ne peut la retranscrire adéquatement. Par exemple, la peinture de chevaux en plein mouvement semble plus vraie qu'une 206-207 Résumé HEGEL, EsthétiqueL’art nous éloigne-t-il de la vérité des choses en nous berçant dans l’illusion comme l’affirme Platon ou est-il au contraire un moyen d’accéder à une vérité plus profonde de l’être des choses, vérité intelligible relevant de l’Idée souvent cachée derrière l’apparence sensible des objets du monde ? Hegel affirme que l’art donne précisément l’Idée à contempler en la faisant apparaître de manière sensible, pour qu’elle ne demeure pas une simple abstraction. Mais à la différence des objets du monde, qui sont des objets sensibles, l’art ne nous donne que l’apparence de ce sensible et ne laisse donc pas place au désir de le consommer. Dès lors, en tant que manifestation de l’esprit, l’art ne peut se réduire à l’imitation de la nature. Au contraire, toute création artistique est le moyen pour l’homme de se contempler lui-même en tant qu’esprit en observant son œuvre. La finalité de l’art n’est ni un simple plaisir esthétique ni une érudition sur la création l’art a pour tâche de nous livrer l’Idée des choses, leur vérité mais toujours par leur aspect sensible c’est en cela que l’art diffère de la philosophie, où l’idée s’est libérée de son aspect sensible pour n’être que pur concept.pp. 208-209 HEGEL suiteTexte 1 1 La beauté artistique est supérieure au beau naturel parce qu’elle est de nature spirituelle relève de l’esprit ce qui est toujours supérieur au La beauté artistique nous donne à voir l’apparence du sensible et non le sensible lui-même ainsi ce n’est plus l’objet lui-même que l’on a en face de soi et qu’on aurait tendance à vouloir s’approprier, que l’on désire c’est seulement son apparence. Indifférent à l’existence effective de l’objet, la contemplation esthétique s’attache ainsi à la simple Idée de ce qu’est l’objet, à sa dimension 2 1 Le besoin d’art provient du fait que l’homme ne se contente pas d’être immédiatement comme les choses naturelles en tant que conscience, il est pour soi et a donc à se contempler lui-même en tant que conscience. Il est en soi et pour soi et afin de se contempler, de se donner lui-même à voir, il produit, il crée et toutes ces créations artistiques sont autant de moyens pour l’homme de s’observer comme L’homme peut prendre conscience de lui-même de manière théorique, spéculative par la pensée, la réflexivité, l'introspection, il se contemple et perçoit ses états d'âme; mais aussi de manière pratique, en transformant le monde qui lui fait face. Ainsi, en le transformant, il lui donne son empreinte, la marque de ce qu’il est, c'est l’extériorisation concrète de ce qu’il 3 1 Les scènes et objets de la vie courante ont cela de particulier qu’ils n’attirent plus notre regard nous ne voyons plus ces objets qui n’attirent pas notre attention. Nous restons indifférents au contenu de ces objets du quotidien. Paradoxalement, l’art, en nous donnant à voir la surface de ces objets, ne nous éloigne pas de leur contenu mais au contraire réoriente notre attention et notre intérêt vers celui-ci. Avec sa surface, c’est bien le contenu de cet objet du quotidien jusqu’alors sans intérêt qui m’intéresse c’est ainsi que l’apparence devient miracle d’idéalité ».2 On oppose généralement l’essence à l’existence, le sensible à l’intelligible, l’Etre à l’apparaître. L’originalité de la pensée de Hegel consiste à montrer que toute Idée ne peut être que si elle se manifeste, qu’elle s’extériorise et donc que l’apparence est un moment essentiel de la vérité qui ne peut rien être si elle n’apparaît pas. De même, la surface est essentielle à la profondeur et la forme essentielle au 4 La notion d’idéalité désigne d’abord ce qui relève de l’Idée. En tant que tel, elle caractérise quelque chose de durable. L’idéalité désigne ainsi l’essence des choses, ce qui les définit et qui en ce sens n’est pas périssable. Elle s’oppose à l’existence des choses faite de changements perpétuels et aux accidents qui affectent les choses mais n’en constituent pas des caractéristiques 222-223 Hannah Arendt1 Selon Arendt, la finalité de l'art ne doit pas être de servir à quelque chose d'autre que de ravir. Ainsi, elle ne doit pas être de s'éduquer, de parfaire sa connaissance d'une période donnée ». En effet, dans un tel cas, on utilise l'objet d'art à des fins secondes », ce qui ne diffère fondamentalement pas du fait de s'en servir pour boucher un trou dans un mur ».2 Le philistinisme consiste à juger de tout en terme d'utilité. L'attitude du philistin cultivé consiste à se servir de l'art pour une autre fin que la pure contemplation esthétique elle consiste à s'en servir pour se cultiver et ainsi permettre une ascension sociale. C'est en cela qu'Arendt juge qu'il y a là une crise de la culture » car cela dévoie la véritable finalité de l'art. Elle considère en effet que l'attitude qui consiste à se servir des objets d'art pour se cultiver et ainsi prétendre à une certaine position sociale n'est pas l'attitude appropriée dans la mesure où elle fait de la culture une valeur, une marchandise sociale, un objet d' La culture de masse risque de faire des œuvres d'art des produits de consommation comme les autres et ainsi de les détruire. En effet, faire d'une œuvre d'art un objet de loisir implique qu'on le consomme et qu'on le fasse ainsi entrer dans le cercle de la nécessité vitale. Ainsi, ces œuvres d'art n'auraient plus cette durabilité qui fait d'elles des œuvres qui habitent notre monde spécifiquement humain, elles deviendraient des objets périssables. En effet, les œuvres d'art sont censées n'avoir aucune fonction dans le processus vital de la société et c'est pour cette raison qu'elles ont une immortalité potentielle. Une version divertissante de celles-ci leur ôte leur nature d'œuvre d'art qui est précisément de n'être ni consommée ni Initialement, les notions d'art et de technique se confondent puis l'art s'en détache en visant simplement le beau, le plaisir esthétique indépendamment de l'utilité. Servir à signifie être au service de qqch d'autre. Dès lors, si l'art sert à qqch il devient un moyen, un outil et perd ainsi toute sa noblesse, sa valeur intrinsèque. L'art a peut-être pour vocation d'être inutile, de rester extérieure à cette logique utilitaire qui détermine notre rapport ordinaire au monde. Il serait une fin en soi. Mais si l'art est une fin cela veut-il nécessairement dire qu'il n'ait pas de fin ? Si l'art doit être inutile, qu'il ne doit pas être un moyen pour qqch, alors pourquoi créer et pourquoi aller au musée ? Le paradoxe de l'art semble bien être que ce qui fait sa valeur c'est d'être l'art vise-t-il seulement le beau et en ce sens n'aurait aucune utilité et serait donc inutile ou faut-il revoir le sens même de l'idée d'utilité au sens où l'art ne sert pas à qqch d'autre que lui-même mais n'est pas pour autant inutile, il a bien une Bergson L’art nous donne à voir le monde, les choses du monde pour ce qu’elles sont, indépendamment de leur utilité, de leur aspect pratique. Ainsi, l’art ne doit pas tant servir à quelque chose mais doit au contraire nous faire oublier cette logique utilitariste qui consiste à voir dans toute chose un moyen pour mon action. Le désintéressement par rapport au monde que nous apprend l’artiste peut nous permettre de le voir tel qu’il est réellement, dans toute sa richesse. Le monde que nous révèle l’artiste est fait d’objets singuliers, irréductibles les uns aux autres et non pas de multiples exemplaires similaires d’un même L'art est une fin en soi, une activité agréable voulue pour elle-même et dénuée de tout intérêt. L'art est une fin en soi et non pas un moyen donc en un sens il n'a pas de fin. Mais n'a-t-il donc aucune fonction ? L'art est-il seulement un divertissement ? voir ArendtFreud L’art est avant tout le moyen pour l’homme de sublimer ses désirs les plus inavouables. Ainsi, en créant des œuvres, l’artiste réalise ses désirs en leur trouvant un substitut acceptable et même honorable. Mais l'art n'est pas seulement la réalisation narcissique et égoïste des désirs humains, c'est aussi un moyen de communiquer et de créer du lien entre les désirs des hommes par ces L'art permet à l'homme de prouver son habileté. Il doit être création et non imitation car l'homme ne cherche pas à représenter la nature mais recherche sa propre image. Il cherche à être pour soi et pour les autres. Il y a derrière la création d'œuvres artistiques un besoin pour l'homme de se contempler lui-même dans son œuvre mais aussi d'être reconnu par les autres sujets conscients comme tel. En s'extériorisant en tant qu'esprit, le créateur se voit comme conscience de soi et se montre à autrui qui le reconnaît comme tel.→ Voir l'excellente fiche de lecture de Soélie sur le L'art permet un renouvellement de notre regard sur le monde, du sens que nous donnons aux choses et donc change ainsi le monde lui-même l'art sert avant tout à recréer perpétuellement le monde que nous habitons. Il nous incite à revoir le monde à l'infini et ainsi à le recréer L'unique but de l'art est l'apparaître et son critère est la beauté. Il ne faut donc voir dans l'art ni un moyen de se cultiver en vue d'une éventuelle ascension sociale, ni un simple loisir ou divertissement. Dans les deux cas, on dévoie la fonction initiale de l'art qui est de ravir celui qui la contemple et qui ne doit pas servir à autre chose. Mais réduire l'art à un simple divertissement est également préjudiciable dans la mesure où on les consommerait comme tout autre produit de consommation. Les œuvres d'art, par leur durabilité intrinsèque doivent être exclues de ce processus de consommation qui les détruirait elles sont là pour survivre aux générations et constituer un monde spécifiquement l'excellente fiche de ManonPour une proposition de plan détaillé voir
Pendantdes décennies, la culture occidentale a été réticente à attribuer une valeur inhérente ou un objectif à l'art, même si elle continue de tenir l'art en haute estime. Bien que nous ne semblions plus à l'aise de le dire, notre vénération pour l'art doit être fondée sur une prémisse intemporelle - Marketpro.art
Une page de Wikiversité, la communauté pédagogique libre. L'art et le réel[modifier modifier le wikicode] La définition du beau que nous avons tenté de donner n’est pas suffisante pour comprendre ce qu'est l'art. On peut se rendre compte que l'art a pour but d'exprimer quelque chose, mais quoi et comment ? Platon, dans La République Livre X, étudie le rapport entre art et réalité. Sa thèse consistera à dire alors que l'art n'exprime rien de vrai, ne signifie rien de profond l'art, en fait, ne produit que des illusions. Afin de le montrer, il va opposer l'imitation artistique et l'efficacité technique de l'artisanat. Que doit faire un menuisier qui veut fabriquer un lit ? Il doit par la pensée se référer à ce que Platon nomme l’idée de lit, c'est-à -dire considérer un schéma de fabrication. Or, il existe le même rapport entre le cercle dessiné et sa définition qu'entre le lit fabriqué et l’idée de lit. Dans les deux cas, il y a matérialisation imparfaite d'un idéal. Le lit fabriqué par l'artisan ne fait que ressembler au lit idéal unique, l’idée du lit. Pour Platon, il existe trois degrés dans la production. Puisque les idées renvoient à l'essence même des choses, leur nature, le monde sensible ne peut être que le reflet du monde des idées. Tous les cercles dessinés par exemple ne sont que les apparences sensibles d'une même réalité, à savoir le cercle réel, le cercle qui est vraiment un cercle, l’idée du cercle. Par conséquent, si les idées représentent la réalité elle-même, seul Dieu peut les produire. L'artisan est celui qui matérialisera certaines de ces idées. Il ne produira pas le lit "qui est lui-même ce qu'est le lit", mais seulement un objet singulier et sensible qui ressemble à ce qu'est le lit par nature. Enfin, nous trouvons l'artiste. Il ne se réfère pas aux idées pour produire ses objets, à ce que sont véritablement les choses. Alors que Dieu est l'artisan de l'être, le menuisier est l'artisan de quelque chose qui ressemble à l'être, l'artiste se contente de l'apparence. On ne peut pas par exemple dire que l'artiste produit un lit sur sa toile parce que ce lit n'a aucune réalité. Dieu et le menuisier sont des artisans, l'artiste n'est qu'un "imitateur". L'art est au troisième degré, le plus éloigné de la réalité, de l'être. Il imite non pas l'être mais reproduit les apparences des objets sensibles. Dans son texte du Gorgias, Platon distingue les différents arts qui ne produisent qu'une apparence trompeuse et les savoirs qu’il considère comme véritables la médecine, la gymnastique... s'opposant à la cuisine, la rhétorique... Ce qu’il critique dans l'art, c’est la tromperie, effectuée en donnant l’apparence du vrai. De même que la rhétorique imite l’apparence de la vérité en fabricant de beaux discours, de même l'artiste imite l’apparence de la réalité en produisant ses œuvres. Platon donne une comparaison surprenante l'artiste est comparable à quelqu’un qui promène un miroir "en tous sens" ce qu’il produit n'est qu'un reflet sans consistance, une apparence doublement éloignée de l'être. C'est pourquoi il fait la critique d'une tendance relativiste d'un art grec qui déjà à l'époque tenait compte davantage du point de vue du spectateur que de la réalité elle-même. Comme l'illustre le célèbre exemple du concours de sculpture remporté par Phidias, l'art est un jeu sur les apparences qui nous plonge dans l'illusion. Cependant, peut-on se contenter de dire que l'art n'est qu'une imitation des apparences ? N'est-il qu’illusion ? N'est-il pas au contraire une manière d'approcher le réel ? L'art comme langage[modifier modifier le wikicode] Platon oublie peut-être que l'art, même celui qui reproduit, qui imite au plus près la réalité par exemple, le réalisme des natures mortes, exprime quelque chose. L'œuvre de l'artiste n’est pas une simple copie mais reste une expression artistique d'un côté, l'artiste s'exprime à travers son œuvre, mais le spectateur attend aussi d'une œuvre qu'elle "s'exprime" à lui. L'illustration est l’expression "cela me parle". Nous pouvons dire alors que l'art est un langage symbolique. Considérons un artiste et son œuvre, par exemple Van Gogh "Au lieu de rendre exactement ce que j’ai devant les yeux, je me sers de la couleur le plus arbitrairement pour m'exprimer plus fortement... Je voudrais faire le portrait d'un ami artiste qui rêve de grands rêves, qui travaille comme le rossignol chante... Cet homme sera blond. Je voudrais mettre dans le tableau mon appréciation, mon amour que j’ai pour lui...Derrière la tête, au lieu de peindre le mur banal du mesquin appartement, je peins l'infini, je fais un fond simple du bleu le plus riche, le plus intense que je puisse confectionner, et par cette simple combinaison la tête blonde éclairée sur ce fond bleu riche, obtient un effet mystérieux comme l'étoile dans l'azur profond." À Théo, août 1888 On peut donc dire que l'artiste s'exprime à travers un langage symbolique de couleurs, de sons, de mouvements... Dans le café de nuit, le jeu des couleurs jaune sale, rouge brutal... tend à donner l'impression d'un univers souillé, d'une déchirure morale; le jeu des formes personnages aplatis, rapetissés, semblables à des spectres, espace déformé fait sentir, revivre l'irréalité de cet univers, l'impression d'ivresse et de vertige. "Dans mon tableau le café de nuit, j’ai cherché à exprimer que le café est un endroit où l’on peut se ruiner, devenir fou, commettre des crimes" À Théo, septembre 1888. Au delà de la copie et grâce à l'art, l'artiste révèle un monde, le rend plus dense, l'immortalise ce tableau est l’expression artistique du monde prolétaire de la fin du XIXe siècle. Van Gogh a lu Zola. Et puisque l’on peut comparer une œuvre d'art à un texte la matérialité et les formes de l'œuvre sont comme le vocabulaire et la syntaxe d'un texte. Apprécier une œuvre, veut dire savoir lire, l'interpréter. Plus précisément l'art est vécu comme un langage à l'imagination, par le moyen des symboles. L'art peut donc être considéré comme une grande métaphore. Cicéron disait qu'un poème est une peinture loquace et la peinture un poème muet. Comme les métaphores des poèmes, l'art en général stimule l'imagination et l'entendement. Il n'explique rien et ne parle pas explicitement, mais il suggère des interprétations, évoque des images il inspire et remplis l'être humain d'idées neuves, de sentiments nouveaux. On comprend alors pourquoi une œuvre trop réaliste ne procure aucune émotion esthétique. Quand tout est apparent, clair, explicite, d'un réalisme extrême, là où il n'y a qu’à regarder, quand tout est apparent, quand tout n'est qu'apparence, notre imagination n’est pas stimulée, tout n'est qu'affaire de sensation. Proust dans À la recherche du temps perdu que les habitués appellent simplement "La Recherche", explique et analyse dans le second tome À l'ombre des jeunes filles en fleurs la déception qu’il éprouve devant la cathédrale de Balbec. Il ne ressentait aucune émotion artistique car il ne voyait devant lui qu'une cathédrale, entre la poste et le bistro. Or, une cathédrale est la reformulation symbolique de l'histoire racontée dans la Bible. Proust voyait donc un objet qui avait perdu sa fonction de signe, cette bâtisse ne lui inspirait rien, ne signifiait rien pour lui. De même que nous sommes limités à ne considérer que la matérialité d'un mot lorsqu'on en ignore le sens, de même Proust était réduit à ne voir qu'une construction en pierre. Le signe était là , mais sans la présence de la signification, le signe ne laissait transparaître aucun sens. Cette déception de Proust correspond donc à un désenchantement, car l'art est essentiellement un pouvoir d'enchantement, d'envoûtement, un pouvoir poétique. La magie dans l'art consiste à transformer des objets en symboles, de telle sorte que des couleurs, des sons, des formes... pourront évoquer des sentiments, des images, des idées. Cela donne, en termes psychologiques, l'art est enchanteur car inspirateur d'interprétations. À travers des choses réelles et matérielles se trouve l'échappatoire à tout ce qui fait la matérialité du réel, la nécessité, la répétition, la banalité. Aussi pouvons nous rapprocher de l'expérience esthétique de celle du rêve. Quels rapports peuvent être établis ? Principalement deux Premièrement, ils peuvent être conçus tous les deux comme un langage au moyen de symboles car l'œuvre d'art, comme le rêve, s'interprète Freud a écrit abondamment sur le sujet. Deuxièmement, le propre du rêve est d’être vécu comme le réel la peur dans un cauchemar est réellement vécue dans ce qui est imaginé en rêve. Il en va de même pour l'art. Ce qui est imaginé lors de l'observation d'une œuvre artistique, c'est-à -dire ce qui est interprété, est cru comme réellement perçu dans l'œuvre. La souffrance dans un tableau de Goya, la puissance de la nature dans un autre tableau de Turner, la paix tranquille d'une campagne ou d'une chaude journée d'été dans la symphonie pastorale de Beethoven... Tous ces sentiments, ces perceptions ne sont pas réelles; elles sont comme dans nos rêves le fruit de notre imagination. Dans les deux cas, ce qui est imaginé est pris pour une perception. Il donc vrai de dire comme Platon que l'art provoque des illusions, mais dans le cas de l'art l'illusion n’est pas synonyme de tromperie. L'illusion de ce qui est vu est paradoxalement ce qui aurait dû être vu. Ces artistes font percevoir dans une illusion toute la profondeur de la réalité. Conclusion[modifier modifier le wikicode] Pour finir cette partie, une définition nouvelle de l'art peut-être extraite de tout ce que qui a été vu précédemment. L'art semble être l'activité humaine qui façonne la matière de telle sorte qu'elle pourra exprimer un sentiment, une idée, et même, ajoute Bergson, un effort, une force. Même si cette définition est illustrée avec l'exemple des grands peintres, il faut la vérifier dans d'autres domaines. Bergson parlait de la grâce, la beauté des gestes, et de l'art qui avait pour objet ce type de beauté, celui de la danse. En observant un danseur expérimenté et/ou doué, apparaît l'impression que le geste même le plus complexe, même le plus inattendu, devient naturel. Ce fait suppose une certaine facilité, voire une liberté quant à l'usage du corps. Comme si le danseur échappait à tout ce qui le caractérise d'habitude sa matérialité, sa raideur, son inertie. Dans le sport, c’est aussi la grâce qui différencie le geste efficace du beau geste cela paraît simple. Dans un spectacle de la grâce, l'imagination participe à la vie d'un corps qui n'est possédé que pendant les rêves, un corps sans inertie, sans pesanteur, sans étendue... Le corps du danseur n’est pas un corps de rêve mais un corps rêvé, car l’idée qu'une volonté a pris le pas sur un corps, qui se fait peu à peu oublier, se fait sentir. L'esprit prend corps ou la matière s'anime. À ce moment, la danse devient expression, l'esprit dévoile ce qu’il contient à travers le corps. L'art est donc bien l’expression du spirituel. Kant a montré les contradictions de la beauté, et même en tentant de la définir autrement, une nature paradoxale de la beauté est toujours présente. L'art est l'activité qui se sert de la matière pour la dépasser, qui façonne des objets sensibles pour nous détacher des simples apparences sensibles. La beauté est donc un sentiment résultant du fait que l’on voit au travers de la matérialité de l’objet d'art quelque chose d'ordre spirituel. Un visage humain aux traits parfaits, possédant un joli teint est sûrement agréable à regarder, mais il n'est que cela s'il n'exprime rien. Le beau visage est celui qui reflète l'âme, transparaître une profondeur, une intériorité, bref, qui est de l’ordre du spirituel. Comparable à un signe, il sera trouvé beau lorsqu’il tendra à se faire oublier, à faire oublier sa matérialité.
Lart et la poésie sont utiles parce qu’ils nous rappellent qu’il est important de consacrer du temps à ce qui est inutile. L’exigence de productivité et de rentabilité financière est une brutalité insupportable, pour les êtres humains et leur santé, comme pour l’environnement.
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l art sert il a quelque chose